On me demande régulièrement si je vends des articles en bambou, et plus particulièrement des lingettes en éponge de bambou. On attribue de nombreuses qualités et propriétés à ce tissu que nous pouvons même acheter avec un label “bio”. Il est très absorbant, doux, antibactérien, anti-transpirant, antifongique, antistatique, anti-UV, et même désodorisant… De plus, le bambou est une plante robuste et écologique car sa culture demande peu d’eau et ne nécessite ni pesticides, ni engrais; il est également compostable et biodégradable.

Ce tissu semble donc être parfait pour notre peau, notre confort et même notre planète. Mais qu’en est-il exactement ?

Une plante écologique et biologique

Aujourd’hui, le bambou est très en vogue et en particulier pour remplacer les objets en plastique. Nous en trouvons dans nos cuisines, saladiers, couverts, boîtes, et dans notre salle de bain avec les brosses à dents. On l’utilise aussi pour l’ameublement, les objets de décorations et même dans notre garde-robe.

Le bambou est une plante tropicale, et non un bois, aux avantages écologiques indéniables. Elle peut absorber jusqu’à 30 % de plus de CO² que les arbres et libère donc 30 % de plus d’oxygène qu’eux. La culture de bambou, grâce à ses propriétés naturelles antifongiques et antibactériennes, ne nécessite pas ou peu de produits phytosanitaires et réclame peu d’eau. Et tout ça ne l’empêche pas d’avoir une croissance spectaculaire ! Selon le Centre de Recherche Bambou Science & Innovation, certaines espèces géantes peuvent croître jusqu’à 1m20 par jour et atteignent ainsi leur taille adulte au bout de dix à douze jours ;

Tout ça est très beau, mais cette utilisation de plus en plus importante du bambou pousse à une production plus massive. Pour ne pas encourager cette exploitation massive, nous pouvons regarder les étiquettes des objets et se fier à la labellisation FSC ou Rainforest Alliance lorsque les forêts ont été certifiées. Ce n’est pas toujours le cas, et on assiste malheureusement à un phénomène de déforestation afin de pouvoir cultiver plus de bambou, ce qui nuit à la biodiversité de ces endroits.

La xanthatation

Pour transformer cette plante, il est nécessaire d’utiliser des produits chimiques. Et c’est là que l’argument égologique peut être remis en cause. Plusieurs objets en bambou pour le contact alimentaire ont déjà été rappelé par la Répression des fraudes (DGCCRF) en raison d’une migration dans les aliments de substances chimiques dangereuses pour notre santé.

Je voudrais m’intéresser dans cet article aux textiles en bambou. On distingue deux types de fibres textiles : d’une part, les fibres naturelles, d’origine végétale comme le coton, le chanvre, le lin ou d’origine animale comme la laine et la soie. Et, d’autre part les fibres artificielles. On distingue deux groupes : les fibres synthétiques obtenues par transformations de produits pétroliers et les fibres cellulosiques obtenues à partir de pâte à bois ou de bambou dont on dissout la cellulose. C’est le processus de “xanthatation”(Que sais-je ? Les textiles chimiques De Henri Agulhon).

Viscose est la contraction des termes “visqueux” et “cellulose”.

Vous l’aurez compris, le tissu en bambou fait parti des fibres cellulosiques. Le matériau obtenu s’appelle la viscose. Le procédé chimique implique des produits comme la soude, le sulfure d’hydrogène ou encore le sulfure de carbone. Ce procédé est polluant et nécessite beaucoup d’eau.

On peut également se demander ce qu’il advient des propriétés de la plante après transformation ? Pour affirmer que la viscose en bambou est, par exemple, anti-bactérien, le fabricant doit, en effet, pouvoir le prouver par des tests.

Lisez bien les étiquettes : 

Les tissus en 100 % fibres de bambou sont très rares, c'est pourquoi l'étiquette précise généralement "viscose" ou éventuellement "rayonne". (1) Les tissus dits biologiques répondent à l'unique cahier des charges : GOTS « Global Organic Textile Standards ». Si un autre label bio figure sur l'étiquette, il s'applique probablement à la culture de la plante et non au tissu. Mais il est alors préférable de rechercher les labels FSC et Rain Forest.

(1) « Textiles - Étiquetage de composition - Règles de dénomination de fibres textiles non répertoriées dans la réglementation » (N° BP G06-016 – dernière version février 2013) 

Coudre la viscose

Que peut-on dire de la viscose ? C’est un tissu fluide et léger, doux sur la peau, à l’aspect un peu soyeux, absorbant et qui a un joli tombé. Tout ça en fait un tissu très adapté à la confection des tenues estivales : petits hauts, blouses, robes… En revanche, il rétrécit et se froisse facilement.

Au niveau travail, c’est un tissu qu’il faut dompter. J’adore le rendu mais il nécessite des précautions et un travail minutieux.

Après avoir lavé le tissu, l’avoir séché à plat (gare aux faux plis !) et repassé à basse température, la préparation des pièces et la coupe peuvent rapidement s’avérer complexe. Et la solution, c’est l’amidon ! Il permet de rigidifier le tissu et de pouvoir le manipuler (un peu) plus facilement. Il en est de même pour le tracé et la découpe des pièces du patron, il faut prendre son temps. Et un cutter rotatif permet de ne pas avoir à lever le tissu contrairement à la paire de ciseaux.

Pour l’assemblage de ce tissu fin et peu résistant, il est préférable d’utiliser une aiguille universelle de taille 70 ou encore mieux une aiguille Microtex de 60 à 80. Il est conseillé de laisser de côté le fil polyester et de le remplacer par un fil de coton. On coud avec un petit point droit. Chrystelle Beneytout, dans son guide des tissus par projets de couture, (ma bible de la couture) conseille même d’utiliser un point zig-zag étroit pour la couture de grandes longueurs pour éviter de petits plis disgracieux.

Et en ce qui concerne l’éponge de bambou, sa capacité d’absorption et sa douceur en font un tissu très recherché pour le linge de toilette. Elle est glissante comme la viscose, donc il est préférable de la travailler bien à plat. Et comme toutes les éponges, après la coupe, on a plein de petits fils partout. La seule solution est de surfiler.

Bamboo star

Tout n’est pas à jeter en ce qui concerne le bambou. Mon article ne traite que d’une application parmi beaucoup d’autres qui restent très intéressantes pour l’environnement. Comm expliqué précédemment, sa capacité à absorber le carbone le désigne comme une des solutions pour limiter le réchauffement climatique. On l’utilise aussi comme une ressource énergétique verte. D’ailleurs, plusieurs expériences d’implantation de forêts de bambou sont en cours en Afrique.

Plusieurs programmes de R&D cherchent à utiliser les qualités naturelles du bambou pour traiter les eaux usées. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres !

En france également, le bambou est étudié de près: la culture du bambou géant commence à se développer. Le réchauffement climatique impactant les cultures actuelles, le bambou représente une possibilité de se diversifier et une issue économique pour les agriculteurs impactés.

Bambou ou pas ?

Alors, est ce qu’il y a des articles en viscose de bambou chez ByMuForU ? Aujourd’hui : non, car la fabrication de fibres cellulosique est très polluante comme je l’ai expliqué plus haut. J’ai fait le choix de ne pas utiliser cette matière et de profiter d’alternatives plus écologiques et tout autant qualitative.

Pour mes lingettes, matelas à langer, bavoirs, etc. j’utilise de la micro-éponge en 100 % coton biologique certifiée GOTS. Ce tissu a un coût plus élevé que le coton conventionnel. Cela s’explique notamment par le soin apporté à sa culture et à l’offre disponible. Le coton biologique représente environ 2 millions de tonnes vendues par an, contre plus de 17 milliards de tonnes de coton conventionnel. Le coton bio est cultivé sans pesticides, insecticides ou engrais chimiques, et sans OGM, il n’est donc pas possible de “sur-exploiter” les champs de cotons.

Toujours dans un but de limiter l’emprunte carbone et environnementale de mes produits, j’investis également dansappelle l’upcycling. Dans la boutique, vous trouverez de plus en plus régulièrement, des articles faits à partir de tissus revalorisés. Ainsi, je pourrai vous proposer une gamme d’articles confectionnés avec beaucoup de soin à des prix un peu plus bas. Je vous parlerai des avantages de l’upcycling dans un prochain article !

J’espère que cet article vous a plu et qu’il vous a apporté un éclairage concernant ce tissu souvent encensé. N’hésitez pas à me laisser un commentaire, j’échangerai avec vous avec plaisir. A bientôt !

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